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de son mari ; les potences et les glaives font œuvre, et l’impassible justicière satisfait les griefs des uns du sang des autres, et abandonne aux premiers châtiés les têtes des seconds pour payer la forme trop vive de leurs réclamations. Puis, ce sont promenades, festins, chevauchées, nuitées d’amour, bonnes et promptes et sanglantes justices et, fête suprême, le rassemblement de l’armée, où Mahaud voit toute sa force absorbant ces hommes, leurs armes et leurs vies, qui vont partir pour la défendre.

Qu’arrivera-t-il de cette armée ? après le départ, Mahaud consultera les forces magiques ; quarante jours et quarante nuits elle prépare les rites el se prépare aux rites. A-t-elle gardé sa puissance ? ou l’enfant qu’elle porte en elle l’a-t-il absorbée ? Dans l’hallucination sa race meurt en elle et les présages sinistres se font. En effet, le comte est mort ; sa postérité avorte et bientôt le château est assiégé ; des soldats qui reviennent d’une sortie rapportent la tête d’Edam, son père.

Mais la prolongation du siège affole les défenseurs ; une émeute les jette sur les filles ; ils refusent obéissance et se rebellent contre la comtesse ; par moquerie, ils lui tendent Fépée et l’étendard. Les nerfs de la femme s’exaltent ; elle accepte les emmèmes, enlève ses gens de son élan et culbute l’ennemi ; et dès lors elle entre dans la joie d’orgueil et de puissance ; elle s’assimile, par la domination de son esprit plus complet, le chapelain du château ; ses prêches, c’est elle qui, de sa place, par son regard, les lui dicte ; elle domine les gens de guerre par l’or qu’elle leur abandonne et les objets et les détails qu’elle leur fait aimer ; pour sa joie