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XIX

Ô mon cœur que veux-tu, veux-tu les contrées natales,
le palais sur le morne pâle, où les cymbales
rythment le glissement de l’almée sur tes lèvres pâles
ô mon cœur, veux-tu, les contrées natales.

Ô mon cœur que veux-tu — sur les navires des émirs
t’en aller lointain, aux butins d’autres terres.
Veux-tu, par les cimes forestières, le monastère
où les frères s’entr’aident à guérir, —
ô mon cœur quel divan te faut-il pour dormir.

Donne-moi ton silence et ta mémoire
ta mémoire populeuse de sa face et de sa voix
la plus vaste salle de ton palais, donne-la-moi
qu’elle soit obscure et solitaire
pour que seul avec ta mémoire
j’écoute sa face, ses vertus corporelles, et les horizons de sa voix.