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VI

Choses vindicatrices, passés cruels, ombres passées,
sur le maintenant peureux vous vous vengez
et détruisez en sa fleur pâle le bonheur triste.

Passés, vous dressez devant l’élan désespéré
le mur de ouate, le mur de brume, d’autres défaites ;
mémoires, vous redites la nuit froide, les soirs de victoires,
les soirs de victoires inutiles et futiles ;
mémoires, vous défaites d’un doigt lassé des colliers de fêtes.

Ombre, vous vous levez et dites : c’est encore moi,
le même moi tant caressé et dans mes tresses les mêmes émois :
mes mains de nues comme autrefois
descendront vers ton cœur profond
et ne se poseront qu’à ton front
pour l’essor d’un fou désir orienté vers autrefois.