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VIII

La nuit c’est l’absence et la nuit c’est la ville
c’est les regards clairs et les blondes grèves à leur front
la nuit c’est le caprice épars de leurs sourires.

La nuit c’est la caresse lasse à l’amant las
la chanson désapprise et rapprise, et reprise
et des lèvres en valves qui miment et frémissent

Et le manteau qui sèche à l’âtre
et le silence aux plis d’ombre à la pénombre
et le nombre oublié qui rêvasse à la chambre

Et parfois une étoile palpite comme en tendresse :
l’ambre et l’ombre d’un corps revêtu pour toujours
qui tressaille aux plaies mortes et doucement tenaille.