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L’air est si suave à s’étendre et mourir,
la caravane lente se berce de marche heureuse
et les rois se rappellent la contrée soyeuse
où dort dans des nuées et des poudres d’or et les câlinantes lyres
le grand lys intangible à tout mortel
et seul autel et seul bonheur, tant inaccessible

Et l’un des rois murmure en la pâleur lactée de la nuit :

Les parois du tabernacle du soleil agonisant
pâlissent quand ses pas caressent la terrasse des palais :
les marchands des orients qui rapportent les joies et les arts plaisants
quand se baissent ses longs yeux cachent leurs trésors humiliés ;

On prodigue au muletier les deniers et les besants
pour contempler de loin la terrasse où passe son aurore
et les pythonisses pilent les mandragores
pour les vœux inutiles des humains humiliés ;

Pour le seul festin de mes faims
s’ordonne le spectacle de ses pas et de ses bras
et s’étendent les pourpres sur son visage que jamais n’enténébra
la crainte d’une lassitude à mon étreinte

Un autre roi murmure au rythme de sa marche :