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LE VERS LIBRE

minaison de poème. Évidemment il y aurait bien des menues difficultés à élucider, mais ce serait une prosodie, et je n’en veux point faire une ici.

D’ailleurs faut-il une prosodie ?

Oui, sans doute, pour se conformer aux usages et se cramponner (c’est notre devoir) à la tradition.

Mais la faut-il tout de suite ?

Peut-être que non ! on ne saurait dire le plus tard possible, mais pourtant on en aurait bien envie. Il semble qu’une prosodie complète bien faite serait lourde à porter. En tout cas, ne nous dissimulons pas qu’elle serait fort difficile à faire, car les cas de rythmique, choisis déjà dans la langue par les vers-libristes, sont nombreux, il en est de ténus, de délicats, il en est d’éphémères. La poésie traditionnelle a créé une foule de rapports constants, qui sont justement de par là-même, tantôt exacts, tantôt trop accusés, et deviennent brutaux et tyranniques. Cet aspect de zinc d’art qu’on prend ou qu’on veut faire prendre souvent pour du marbre (« marbre, airain, pureté, montrez voir ? » disent Vildrac et