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LE VERS LIBRE

lecture de Banville si charmante à tout poète garde pour nous en dehors de sa séduction de forme une haute valeur ; pour deux raisons : d’abord pour cette affirmation de liberté, qu’il faut qu’un nouveau poète détruise des barrières que Victor Hugo a laissées debout et par un conseil vrai inclus dans son chapitre l’Inversion et ainsi lapidaire : il n’en faut jamais.

C’est la base même de notre phrase poétique et de notre système de la strophe. Le vers français ne veut pas d’inversion, la strophe s’y refuse, car la strophe c’est la phrase, rien que la phrase, rien de plus rien de moins.

Si vous admettez l’inversion vous détruisez le rythme de la strophe qui doit, comme la phrase, donner au lecteur l’ordre des idées.

Pas d’inversion, voilà une grosse différence de construction entre la strophe ancienne et la strophe moderne.

Il en est d’autres.

Mais je sens que je deviens bien technique, d’ailleurs il le faut, et pour ne l’être qu’un instant dans la soirée, je vais vous demander la