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LE VERS LIBRE

trouvaient dangereux et comiques ; nous fûmes victimes d’agressions écrites d’Henry Fouquier, pleines de lapsus et de blâmes apitoyés de Dubrujeaud et autres.

Des poètes du Parnasse nous maudirent, nous exorcisèrent et, parmi eux, ceux qui faisaient le moins bien le vers parnassien.

Bref, si la vigueur et l’utilité d’un mouvement peuvent se mesurer à l’injustice des attaques dont il est la cible, nous aurions pu être fiers ; mais une sage modestie nous faisait nous souvenir que les romantiques, les parnassiens et les naturalistes en avaient reçu tout autant sur le coin… de leur art.

Quoi qu’on pense de notre technique et de nos poèmes, tout le monde aujourd’hui s’accorde à dire qu’en 1885 la poésie française avait besoin d’un révulsif violent. Elle sommeillait.

Notez bien que je ne songe nullement à vous dire du mal du Parnasse.

Personne n’admire plus que moi la beauté des fresques évocatrices de Leconte de Lisle, personne autant que moi n’admire chez Banville un