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avaient assez bien marché ; les meneurs avaient mis les pauvres diables en bonne place, ils avaient dûment exposé ce qu’ils avaient sous la main de vraie misère humaine. Mais vers ce soir libatoire, tout s’était mêlé. Ajoutez comme élément de désordre que des paroisses entières, paroisses agricoles et satisfaites (il leur faut si peu) de l’état social, avaient voulu profiter de la beauté du jour, de la splendeur de la fête pour déambuler dans Krebsburg pavoisé. Ces paroisses étaient là, toutes, orphéon, fanfare, femmes, enfants et bienfaiteurs. Ç’avait été une infinie godaille, une guerre aux brocs, et les campagnards se tordaient par les rues, en farandoles dansantes par tous les pieds des femmes, des enfants et des bienfaiteurs, aux sons de tous leurs cuivres.

Les manifestants les gênèrent fort peu ; les paysans les considéraient comme des confrères, un peu moins gais (car à la ville on s’amuse tous les jours), et les cortèges