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haillonneux, dépéris, des ventres creux, des besaciers ; la foule de la gare, grâce à cet arrêt, commençait à rejoindre l’arrière-garde de l’escorte, et les pierres et les injures recommençaient d’alterner. Le cortège put enfin s’élancer et se précipiter dans la très longue avenue qui menait à la grille d’honneur du château. Des coups de feu résonnaient, d’abord brefs, isolés, puis toute une fusillade déchira le vent. On éperonna. Le château était attaqué.

La brusque arrivée des cavaliers et des voitures produisit du désordre parmi les assaillants, déjà maîtres des abords ; ce ne fut qu’à coups de sabre qu’ils pénétrèrent dans la cour d’honneur qui, derrière eux, se remplit aussitôt de la horde de l’émeute, des Jacques exaspérés brandissant des fourches, des faux et des fusils, hurlant à la mort et au pillage. Les défenseurs du château, qui tiraient des fenêtres du premier étage, avaient arrêté leur mousque-