Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colonels, des ingénieurs et des juges, elle avait hérité aussi de la prérogative de porter les armes, une fois la semaine, au moins, et en public. Malgré la rareté relative de cette évocation militaire, les notables n’en avaient pas moins, chez eux, au gré et au service de l’État, sabres, fusils et cartouches. L’axiome était que ceux qui possèdent protègent l’État contre ceux qui ne possèdent pas. Une sagace mesure avait raffiné sur ces dispositions, en répartissant les plus riches usiniers ou propriétaires parmi des escadrons de cavalerie, de sorte que la grande et la petite bourgeoisie se trouvaient dûment distinctes et signifiées par un emblème extérieur et visible à tous. Ces bienfaits ne défaillent jamais à charmer le cœur d’un ensemble de privilégiés. Néanmoins, ces jours-ci, la bourgeoisie grondait, le Krach ayant largement infléchi ses hautes tiges, et les épis pleins de l’annuelle moisson ayant été reconnus vides.