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venait de s’écrier que le grand Pan des poupées est définitivement brisé.

Le roi Christian s’éveilla de ce rêve un peu transi. La voiture qui avait attendu sa secrète rentrée dans Krebsbourg arrivait au Palais, et l’aube froide du matin baignait d’air bleu les jardins immobiles, Christian voulut pouvoir quelques heures se reposer avant de se concerter à ses ministres sur les graves conjonctures qui se nouaient.

Ah, c’était bien, ce rêve, l’allégorie de ce qui allait arriver ! Ces figurines aimables du passé évoquaient toute l’idée du faux bonheur, de l’élégance de surface qui parait la vie nonchalante et riche et festivale du petit pays parmi l’Europe, grosse d’un avenir douloureux. Ce heurt brutal qui froissa tant les grêles baladins de son somme éphialtique, n’évoque-t-il pas le débouché brusque, aux carrefours inattendus, des grosses forces que l’on ne dompte jamais, qu’on est impuissant à assoupir