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militaire de Siegfried, à la prestigieuse vitesse de ses travestissements, aux roboratives allocutions, aux proclamations brèves, où il se dépensait. Cet agissant, aux yeux de ce calculateur, était comme l’équilibriste au tour le plus dangereux, comme le gymnaste dans un cirque (sans filet tendu), lorsque la musique se tait, à la minute même de la suprême sveltesse et du don le plus complet de l’énergie. Il inclinait à croire que les bureaucraties couronnées ne seraient sauvées que par ce porteur de la bonne parole du sabre, par ce soldat, s’il était heureux, et qu’est-ce un soldat heureux ? un jeune reître qu’un soir la fortune a servi, souvent parce qu’il a été le plus imprudent ; la folie de ses audaces d’assaillant le mène dormir sur des éboulis de drapeaux conquis. En face, des libéraux calculateurs et froids, qui méthodiquement grignotent l’Europe pour la mettre (un peu trop sous la forme de rentes) à l’abri