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présidait, tous les jours, la bonne séance. Le soir, toute affaire d’État, depuis bien longtemps cessante, quand déjà la Cour élue avait pris place sur les fauteuils bas, devant les pintes, le margrave entrait ; une robe à paniers, floréc, ramagée, étincelante, assez courte pour laisser voir passer des bottes de cavalerie, était sa parure. Des mantilles de dentelles constellées de pierreries, jouaient autour de son cou ; la tête demeurait libre et masculine. Lors le margrave s’asseyait sur son trône et l’on essayait des madrigaux, du rang des poètes ; et c’était pour lui la joie suprême ; il riait, se balançait, faisait répéter les vers, savourait, en déclarant que son voisin de Prusse, toujours occupé à sa flûte ou à ses armées, n’avait aucun soupçon des franches et comiques délices, qu’un simple margrave, lui vendant des soldats comme a tout autre, d’ailleurs, au même prix, respirait, possédant lui, le nard et le cinnamome de tout