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les hommes qui le suivent, pour y être éternellement puni : ainsi l’a prédit le Christ[1]. [2] Si Dieu diffère ce châtiment, c’est à cause des hommes ; car il sait qu’il y en a qui doivent se sauver par la pénitence, même parmi ceux qui ne sont pas encore nés. [3] Il a créé l’homme intelligent et capable de choisir librement le vrai et le bien, de sorte qu’il n’y aura d’excuse pour personne devant Dieu ; car les hommes sont raisonnables et intelligents. [4] Prétendre que Dieu ne se met pas en peine des choses humaines, c’est nier Dieu d’une façon détournée, ou dire que, s’il existe, il aime le mal ou reste insensible comme la pierre, et que la vertu et le vice ne sont rien et qu’il n’y a de distinction entre le bien et le mal que dans l’opinion des hommes. Or c’est là une impiété et une injustice odieuse.

XXIX. La seconde raison pour laquelle nous n’exposons pas les enfants, c’est que nous craignons que, faute de quelqu’un qui les recueille, ils ne viennent à mourir, et que nous ne soyons coupables d’homicide. Quant à nous, si nous nous marions, c’est pour élever nos enfants ; si nous renonçons au mariage, nous gardons la continence parfaite. [2] Un de nos frères, pour vous convaincre qu’il n’y a point parmi nos mystères un commerce infâme, présenta une supplique à Félix, gouverneur d’Alexandrie, pour lui demander de lui faire enlever par un médecin les organes de la génération : les médecins de la ville prétendaient ne pouvoir le faire sans l’autorisation du préfet. [3] Félix ne voulut pas souscrire à cette requête : le jeune homme garda la continence, fort de sa con-

  1. Cf. Matth., xxv, 41.