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n’ignorez pas en effet combien vos auteurs les plus estimés prêtent de fils à Zeus ; Hermès est son verbe et son interprète, le maître universel ; Asclépios fut aussi médecin et ayant été frappé de la foudre, remonta au ciel ; Dionysos fut mis en pièces ; Héraclès se jeta au feu pour mettre fin à ses travaux ; les Dioscures, fils de Léda, Persée, fils de Danaé, montèrent au ciel, et aussi, sur le cheval Pégase, Bellérophon, fils de mortels. [3] Que dire d’Ariadne et de ceux qui, comme elle, furent changés en astres ? Et vos empereurs, à peine sont-ils morts, que vous les mettez au rang des immortels, et vous trouvez toujours quelqu’un pour jurer qu’il a vu le César qu’on vient de brûler s’élever du bûcher vers le ciel. [4] Et combien d’histoires on raconte de tous ces prétendus fils de Zeus, vous le savez et je n’ai pas besoin de vous le dire. D’ailleurs elles n’ont été écrites que pour corrompre et pervertir la jeunesse ; car chacun pense qu’il est beau d’imiter les dieux. [5] Loin de nous, si nous sommes purs, une telle conception de la divinité. Quoi ! représenter Zeus, le maître et le créateur du monde comme parricide et fils de parricide, livré à l’amour et vaincu par de bas et honteux plaisirs, abusant de Ganymède et de quantité de femmes ! nous montrer ses enfants commettant les mêmes crimes ! [6] Comme je l’ai dit[1], c’est là l’œuvre des mauvais démons. Pour nous, notre doctrine nous apprend que ceux là seuls peuvent espérer l’immortalité, qui ressemblent à Dieu par la piété et la sainteté de leur vie. Quant aux méchants qui ne s’amendent pas, nous croyons qu’ils seront châtiés dans le feu éternel.

  1. Cf. chap. v, 2.