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ou au salut éternel. [2] Si tous les hommes avaient cette conviction, personne ne voudrait commettre un crime d’un instant, sachant qu’il encourt le supplice éternel du feu, mais il se contiendrait complètement, il se ferait une parure de toutes les vertus, pour obtenir les biens promis par Dieu et éviter le châtiment. [3] Ce n’est pas la crainte de vos lois et de vos peines qui fait chercher aux coupables le moyen de se cacher[1] : ils savent qu’ils peuvent vous échapper, parce que vous êtes hommes et ils font le mal. Mais, s’ils savaient, s’ils étaient convaincus que rien ne peut échapper au regard de Dieu, ni l’action ni même l’intention, vous-mêmes en conviendrez, la menace du châtiment les maintiendrait tout à fait dans l’ordre. [4] Il semble en vérité que vous craigniez de voir tout le monde vertueux, et de n’avoir plus sur qui sévir. Ce serait vous conduire en bourreaux, et non en bons princes. [5] Tout cela, nous en sommes convaincus, et nous l’avons déjà dit, est l’œuvre de ces mauvais génies qui se font offrir par les insensés des sacrifices[2] et des adorations. Mais vous, qui aimez la piété et la sagesse, nous ne supposons pas que vous soyez si peu raisonnable. [6] Si, comme la foule aveugle, vous sacrifiez la vérité à la coutume, déployez votre puissance. Mais les princes eux-mêmes, quand ils sacrifient la vérité à l’opinion, ne sont pas plus forts que des brigands dans un désert[3]. [7] Il vous en arrivera malheur, c’est le Verbe qui vous le déclare, le prince le plus puissant et le plus juste après le Dieu qui l’a engendré[4]. [8] De même que personne ne se soucie de recueillir en héritage la pauvreté, la

  1. Voy. Intr., § 19.
  2. Cf. chap. v.
  3. Τοσοῦτον etc., Joh. Dam., Sacra, 97, p. 33 Holl.
  4. Voy. Intr., § 19.