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société. [4] Il ne dépendait pas de nous de commencer d’exister : mais nous attacher à ce qui lui plaît, par le libre choix des facultés rationnelles qu’il nous a données, il nous le persuade et il nous en donne la foi. [5] Et nous croyons qu’il importe à tous les hommes de ne pas être détournés de ces enseignements, mais au contraire d’y être vivement encouragés. [6] Car, ce que n’ont pas pu faire les lois humaines, le Verbe, étant divin, l’eût fait, si les démons n’eussent répandu contre nous des accusations mensongères et impies, appelant à leur aide les passions qui sont en chacun tout à fait mauvaises et de nature variée. Ces accusations ne nous atteignent pas.

XI. Quant à vous, quand vous entendez dire que nous attendons un royaume, vous supposez à la légère qu’il s’agit d’un royaume humain. Mais c’est du royaume de Dieu que nous parlons. Ce qui le prouve, c’est qu’à vos interrogations, nous répondons que nous sommes chrétiens, quand nous savons bien que cet aveu nous vaudra la mort. [2] Si nous attendions un royaume humain, nous nierions, pour sauver notre vie ; nous nous cacherions, pour ne pas être frustrés dans notre espérance. Mais notre espérance n’est pas de ce temps présent : aussi nous ne craignons pas nos bourreaux, et d’ailleurs, de toute façon, ne faut-il pas mourir ?

XII. Vous trouverez en nous les amis et les partisans les plus zélés de la paix, puisque, d’après notre doctrine, nul ne peut échapper à Dieu, le méchant, l’avare, le perfide, pas plus que l’honnête homme, mais que chacun, selon ses œuvres, va au châtiment