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Nous avons hâte de confesser notre foi, persuadés que ceux-là pourront obtenir ce bonheur, qui auront témoigné à Dieu par leurs œuvres qu’ils l’ont suivi et qu’ils ont aspiré à cette vie qui s’écoulera auprès de lui, inaccessible au mal. [3] Voilà en peu de mots notre espérance, la doctrine que nous avons apprise du Christ et que nous enseignons. [4] Platon dit que Rhadamante et Minos puniront les coupables traduits à leur tribunal[1] : nous disons nous aussi que ce jugement sera rendu, mais par le Christ. Les méchants comparaîtront avec leurs corps et leurs âmes, et leur supplice durera éternellement, et non pas seulement pendant une période de mille ans, comme le prétendait Platon[2]. [5] Cela vous paraîtra peut-être incroyable ou impossible : mais, s’il y a erreur, c’est notre affaire et non celle d’un autre, tant que nous ne serons pas convaincus de crime.

IX. Si nous n’offrons pas de nombreux sacrifices ni de couronnes de fleurs aux idoles que les hommes ont façonnées et dressées dans les temples sous le nom de dieux, c’est que dans cette matière brute et sans vie, nous ne reconnaissons pas l’aspect de la divinité. Nous ne croyons pas en effet que Dieu soit semblable à ces images que l’on dit faites en son honneur. Elles portent le nom et sont faites à la ressemblance de ces génies du mal qui apparurent autrefois. [2] Ne savez-vous pas, sans qu’il soit besoin de vous le dire, comment les artistes travaillent la matière, comment ils la polissent, la taillent, la fondent et la battent ? Souvent, grâce à leur art, des vases d’ignominie, en changeant seulement de forme et de figure, ont reçu le

  1. Gorgias, 523 E, 524 A.
  2. Platon, Rep. X, p. 615 A ; Phèdre, p. 249 A.