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avons écrit ce discours : nous venons vous demander de nous juger selon l’équité et après mûr examen. N’allez pas, obéissant à des préjugés, au désir de plaire à la superstition, à un mouvement irraisonné, à de perfides rumeurs que le temps a fortifiées, vous condamner vous-mêmes. [4] Car pour nous, nous savons que personne ne peut nous faire de mal, si nous ne sommes convaincus de crime, si nous ne sommes reconnus coupables. Vous pouvez nous tuer ; nous nuire, non.

III. Pour que vous ne croyiez pas que ce sont des paroles en l’air et une bravade, nous demandons qu’on examine les accusations portées contre nous. Si elles sont reconnues fondées, qu’on nous punisse, comme il est juste[1]. Si l’on n’a rien à nous reprocher, est-il équitable, sur des bruits calomnieux, de condamner des innocents, ou plutôt de vous condamner vous-mêmes en vous laissant guider dans la décision des affaires non par la justice, mais par la passion. [2] Une exigence légitime et la seule juste, aux yeux de tout homme sensé, c’est que les sujets puissent prouver l’innocence de leur conduite et de leurs paroles, et que, d’autre part, les gouvernants rendent leurs sentences en s’inspirant de la piété et de la sagesse, et non de la violence et de la tyrannie. Ainsi les gouvernants et les sujets seront heureux. [3] Car un ancien l’a dit : « Si les princes et les peuples ne sont pas philosophes, il n’y a pas de bonheur

  1. Voy. Intr., § 19.