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que les hommes redoutent, je me disais qu’il était impossible qu’ils vécussent dans le mal et dans l’amour des plaisirs. [2] Quel homme adonné au plaisir et à la débauche, aimant à se repaître de la chair humaine, pourrait courir au-devant de la mort et supporter la privation de ses biens ? Ne chercherait-il pas à tout prix à jouir toujours de la vie présente, à se soustraire aux magistrats, bien loin de s’exposer à la mort en se dénonçant lui-même ? [3] Voici ce qu’ont fait les hommes impies, à l’instigation des démons. [4] Ils ont condamné à mort plusieurs des nôtres, sur ces calomnies répandues contre nous ; ils ont mis à la question nos serviteurs, des enfants, de faibles femmes, et par des tortures effroyables ils les ont forcés à nous imputer ces crimes fameux, qu’ils commettent eux-mêmes ouvertement. Que nous importe, puisque nous sommes innocents ? Le Dieu non engendré et ineffable est témoin de nos pensées et de nos actions. [5] Pourquoi en effet ne pas confesser en public que tout cela est bien ? Pourquoi ne pas dire que c’est là une philosophie divine ; que nous célébrons par l’homicide les mystères de Kronos ; que, quand nous nous abreuvons de sang, comme on dit, nous faisons comme l’idole que vous honorez, qui est arrosée non seulement du sang des animaux, mais de sang humain, quand vous offrez, par les mains du plus illustre et du plus noble d’entre vous, une libation du sang des hommes tués ; que nous imitons Zeus et les autres dieux en nous livrant sans retenue à des crimes contre nature et à l’adultère ? Pourquoi ne pas chercher notre justification dans les