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parole : « Le glaive vous dévorera », ne signifie pas que la désobéissance sera punie par le glaive : le glaive du Seigneur, c’est le feu dont ceux qui ont préféré le mal deviendront la pâture. [6] C’est pourquoi il dit : « Le glaive vous dévorera : c’est la bouche du Seigneur qui a parlé. » [7] S’il avait voulu parler du glaive qui tranche et qui tue sur-le-champ, il n’aurait pas dit : « vous dévorera. » [8] Quand Platon a dit : « La faute est à l’homme libre qui choisit, Dieu n’y est pour rien »[1], il a emprunté cette parole au prophète Moïse, car Moïse est plus ancien que tous les écrivains grecs. [9] Tout ce que les philosophes et les poètes ont dit de l’immortalité de l’âme, des châtiments qui suivent la mort, de la contemplation des choses célestes, et des autres dogmes semblables, ils en ont reçu les principes des prophètes, et c’est ainsi qu’ils ont pu les concevoir et les énoncer. [10] Chez tous on trouve des semences de vérité ; mais ce qui prouve qu’ils n’ont pas bien compris, c’est qu’ils se contredisent eux-mêmes. [11] Si donc nous disons que l’avenir a été prédit, nous ne voulons pas dire par là que la loi fatale du destin domine tout. Dieu sait d’avance tout ce que feront les hommes, et, comme il a décrété de récompenser chacun selon ses œuvres, et de punir justement les offenses commises contre lui, il annonce l’avenir par l’Esprit prophétique, afin d’inviter les hommes à comprendre et à se souvenir ; il montre

  1. Platon, Rép., X, 617 E ; attribué à Justin, Joh. Dam., Sacra, 100, p. 34 Holl.