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cifié, est mort, est ressuscité, et il est remonté au ciel où il règne, et la bonne nouvelle, répandue dans le monde entier par les apôtres, est la joie de ceux qui attendent l’immortalité qu’il a promise.

XLIII. Que d’ailleurs, d’après ce qui vient d’être dit, on ne s’imagine pas que nous croyons que la réalisation de ce qui doit arriver est due à la fatalité du destin. Voici comment nous répondons à cette objection. [2] Chacun, selon ses œuvres, sera châtié, puni ou récompensé : nous avons appris cette doctrine des prophètes et nous la tenons pour vraie. S’il n’en était pas ainsi, si tout était l’œuvre du destin, il n’y aurait plus de libre arbitre. Si c’est le destin qui veut que celui-ci soit bon, et celui-là mauvais, celui-ci n’est pas digne d’éloge ni celui-là de blâme. [3] Et si l’homme ne peut, par le choix libre de sa volonté, éviter le mal et faire le bien, il n’a aucunement à répondre de ses actions. [4] Mais voici qui prouve que l’homme fait librement le bien et le mal. [5] Nous voyons le même homme passer d’un extrême à l’autre. [6] S’il était fatalement bon ou mauvais, il n’y aurait pas de ces contradictions dans sa conduite, et il ne changerait pas constamment. Il n’y aurait ni hommes vertueux ni hommes dépravés, puisque le destin serait cause en même temps du bien et du mal, et qu’il serait contradictoire à lui-même. Ou bien encore, il faudrait admettre, comme nous l’avons dit plus haut[1], que le bien et le mal ne sont rien, et que la vertu et le vice sont choses d’opinion. Or la saine

  1. Cf. chap. xxviii, 4.