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Introduction.


Importance de l’élevage de la chèvre en Suisse.

La chèvre, cette vache du pauvre, comme on se plaît à l’appeler si souvent et avec raison, n’a pas encore réussi à attirer sur elle toute l’attention qu’elle mérite. Cependant les services qu’elle rend à la classe peu aisée, surtout dans les hautes vallées, sont considérables, et ne sauraient être rendus par aucun autre animal dans des conditions analogues. — Si le gros bétail est indispensable aux grands propriétaires, la chèvre ne l’est pas moins aux petits cultivateurs.

Ses détracteurs, nous ne l’ignorons point, lui reprochent une quantité de défauts, mais ils seront forcés d’avouer qu’elle possède beaucoup de qualités qui lui font pardonner des torts en partie contestables.

De nombreux progrès ont été réalisés de nos jours dans l’élevage du bétail bovin, mais qu’a-t-on fait pour l’amélioration de l’espèce caprine ? Peu de chose, pour ne pas dire : rien. — Sauf quelques auteurs qui l’ont étudiée sérieusement, les autres n’en ont parlé que pour la reléguer à l’arrière plan de l’économie rurale. Aux yeux de beaucoup d’agronomes, il n’y aurait que la culture intensive qui méritât d’être encouragée. Or, comme on sait que l’élevage de la chèvre n’est point de la culture intensive — si nous pouvons nous exprimer ainsi — on saisit ce prétexte pour le prohiber.

Par bonheur tout le monde ne tient pas ce langage, et personne n’ignore que, si la culture intensive est rémunératrice dans certains cas, il n’en est pas toujours ainsi ; bien des agriculteurs ont, du reste, payé cher leur entêtement à cet égard.

Parce que les propriétaires de chèvres sont généralement peu fortunés, est-ce une raison pour se désintéresser complètement d’eux ? Nous estimons au contraire que les sociétés agricoles et les autorités civiles agissent très sagement et travaillent au bien-être de l’humble cultivateur, en lui enseignant à tirer le meilleur parti possible de son menu bétail, et en ouvrant à son commerce de nouveaux débouchés.

Nous savons par expérience qu’il n’y a que la marchandise de qualité qui se vende à l’étranger.

Dans les pâturages élevés où l’herbe est basse et menue, le mouton prospère et fait la richesse de l’éleveur, mais sur les rochers escarpés qui n’offrent presqu’