DE L’EMPEREUR JULIEN. 209
ayant été frappée, elle s’etoit enfuie ; ou fi elle avoit
jette ; de trop grands cris ; fi eUe n’étoit pas tombée
par terre d’une manière tranquiHe,& qu’à demi-mûrie
elle eût remué trop longtems fes pieds, & n’eut ex.
piré qu’avec peine ; fi le fang avoit coulé difficilement
de fa bleffure ; & fi dans le moment qu’on lui perçoit
la gorge on croyoit avoir apperçu quelque chofe de
trifte dans fes yeux. Tous tes fignes contraires à
ceux que nous venons de décrire étoient favorables,
&annoncoientdespretages heureux. Quel eft celui
qui n’étant pas aveuglé par tes préjugés ne voit pas
que tous ces differents fignes tbit malheureux,
foit heureux, dépendoient du caprice d’un animal,
qui marchoit plus ou moins paifiblement, felon qu’il
étolt plus ou moins docile ? Que devoit dire un phi<
lofophe épicurien, torfqa’it voyoit que ron faifoit dé.
pendre le fort de l’Empire romain de la façon dont
un boeuf marchoit, & de la manière plus ou moins
adroite dont on l’aHbmmoit, & dont on llégorgeoit ? ’ ?
car c’étoit de l’adreMe du facrificateur, fi l’on y prend
garde, que dépendoient tous ces preiages. S’il faifoit
uue large plaie à la vi~ime le fang coutoit bien ; s’il
la frappoit fortement elle mouroit d’abord. Quant
à t’in<pea :iou des entrailles du foie & du cœur de
la vi~ime, tout cela ddpendoit de la <autd de l’animal
qu’on immolait. i’aHoit-ii donc croire, que la Ré.
publique romaine Jtoit menacée d’un trôs-granA
malheur, parce qu’une geniiie n’a~oit pas les parties
TOM. II. O [inter-