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les enfants, le Dieu jaloux. Tu ne prendras pas en vain le nom du Seigneur Dieu. Souviens-toi du jour des sabbats. Honore ton père et ta mère. Tu ne forniqueras point. Tu ne tueras point. Tu ne voleras point. Tu ne rendras pas de faux témoignage. » Quelle nation, je le demande au nom des dieux, sauf le : « Tu n’adoreras pas d’autres dieux » et le « Souviens-toi des sabbats », quelle nation ne croit pas devoir observer les autres commandements ? Si bien qu’il y a partout contre ceux qui les violent des peines, ici plus sévères, là les mêmes, ailleurs moins rigoureuses que celles de Moïse.

2. Mais ce commandement : « Tu n’adoreras pas d’autres dieux » est dans la bouche de Moïse un grand blasphème contre Dieu, et il ajoute : « Je suis le Dieu-jaloux. » Et dans un autre endroit : « Notre Dieu est un feu dévorant[1]. » Est-ce qu’un homme jaloux et envieux ne te paraît pas digne de blâme ? Et tu crois pieux de donner à Dieu le nom de jaloux ? Comment peut-il être raisonnable d’avancer un pareil mensonge ? Si Dieu est jaloux, c’est malgré lui que les autres dieux sont adorés et que devant eux s’inclinent toutes les autres nations. Comment se fait-il alors que ce jaloux n’ait pas empêché les nations d’adorer les autres dieux, afin de n’adorer que lui seul ? Ne le pouvait-il pas, ou bien n’a-t-il pas voulu, dès le principe, empêcher que les autres dieux ne fussent adorés ? Il y a impiété à soutenir la première alternative et à dire qu’il ne le pouvait point ; quant à la seconde, elle s’accorde avec notre religion. Loin de nous ces enfantillages, et ne nous entraînez point à de semblables blasphèmes !

3. Si Dieu veut que l’on n’adore personne, pourquoi donc adorez-vous son Fils, qu’il n’a jamais reconnu et regardé comme sien, je le prouverai facilement, et dont vous faites, je ne sais pourquoi, un enfant supposé ?

4. Est-ce que Dieu n’a pas l’air de se fâcher, de s’indigner, de s’emporter, de jurer et de passer en un instant d’un parti à l’autre, dans le passage de Moïse où il est question de Phinéès ? Si quelqu’un de vous a lu les Nombres, il sait ce que je dis. Après que l’homme initié à Béelphégor a été tué avec la femme qui l’avait séduit, de la propre main de Phinéès qui fait à la femme une blessure hideuse et douloureuse, Moïse fait dire à Dieu[2], « Phinéès, fils d’Éléazar, fils du grand prêtre Aaron, a

  1. Deutéronome, chap. iv, v. 24.
  2. Nombres, chap. xxv, v. 11.