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ŒUVRES DE L’EMPEREUR JULIEN.

de ceux qui se destinent au sacerdoce. Il est donc tout naturel que je termine par là mon discours. Je dis que l’un doit choisir dans les villes les hommes les plus vertueux, les plus religieux, les plus humains, pauvres ou riches. Peu importe également qu’ils soient obscurs ou connus. Car celui que sa mansuétude laisse dans l’obscurité ne mérite point par cela même d’être exclu du sacerdoce ; et, fût-il pauvre ou plébéien, du moment qu’il réunit ces deux conditions, aimer les dieux et chérir les hommes, qu’on le fasse prêtre. On jugera de sa piété, si on le voit inculquer à toute sa famille le sentiment des devoirs religieux ; et de son humanité, s’il s’empresse de partager avec les indigents le peu qu’il possède et s’il essaye d’étendre ses bienfaits sur le plus grand nombre possible. Or, c’est une considération grave pour le moment où nous sommes, et l’on peut y trouver un remède aux maux présents. Il est arrivé, en effet, ce me semble, que l’indifférence de nos prêtres pour les indigents a suggéré aux impies Galiléens la pensée de pratiquer la bienfaisance, et ils ont consolidé leur œuvre perverse en se couvrant de ces dehors vertueux. Ils font comme les gens qui trompent les enfants en leur donnant des gâteaux : après deux ou trois tentatives, ils parviennent à s’en faire suivre ; puis, quand ils les ont entraînés loin de leurs maisons, ils les jettent sur un vaisseau, les emmènent et leur font expier un moment de douceur par toute une vie d’amertume. C’est ainsi que les Galiléens commencent par cette hospitalité, cette invitation aux festins qu’ils nomment Agapes, mot et fait trop communs chez eux, et entraînent les fidèles vers l’impiété……..[1]

  1. « Le reste du discours aura sans doute été supprimé par les copistes chrétiens, comme trop injurieux à la religion qu’ils professaient. » Tourlet.