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chaud, il séchait son corps à l’air plus philosophiquement que tu ne t’essuies avec du linge fin. Il te convient bien de lancer contre lui tes brocards comiques, et tu le crois vaincu par toi comme Xerxès par Thémistocle ou Darius par Alexandre de Macédoine. Mais si tu avais quelque goût pour la lecture ainsi que nous, homme de politique et d’affaires, tu saurais qu’Alexandre admira, dit-on, la grandeur d’âme de Diogène. Mais tu te soucies fort peu de tout cela, ce me semble ; il s’en faut de beaucoup, et tu gardes ton admiration pour la vie morte de quelques misérables femmes. Si donc mon discours a produit un meilleur effet sur toi, c’est ton avantage plus que le mien. Mais si je n’ai rien gagné avec cet impromptu, écrit tout d’une haleine, travail surérogatoire de deux jours, comme le savent les Muses et toi-même qui me connais de longue date, je ne me repentirai point cependant d’avoir écrit l’éloge d’un grand homme.


CONTRE LE CYNIQUE HÉRACLIUS2. SOMMAIRE. Sortie contre nn cynique qui a débité dans une lecture publique des contes de nourrice et des fables absurdes.— Julien va le réfuter. — Réhabilitation de l’apologue. — Généalogie de la fable. — C’est l’école des peuples enfants. — Hésiode, Arçhiloque, Ésope de Samos, les cyniques, ont employé les fables pour instruire les hommes. — Il faut les Imiter, mais l’imitation consiste à imiter le bien et non pas le mal. — Diogène et Cratès ne doivent être imités que dans ce qu’ils, ont de bon dans leur conduite. —e Quelques traits de la-vie de Diogène. —Vers de Cratès. — Emploi des fables en vue de l’utilité des auditeurs et des lecteurs. — Véritable but île la mythographie.— Explication du mythe d’Hercule et du mythe de Bacchus. — Le cynique qu’il combat est loin £Uen avoir usé de la sorte. — Portrait du vrai cynique. — Ce que c’est qu’une fable bien, faite, — Exemple qu’en donne Julien. — Sa biographie racontée sous forme allégorique. — Nouvel éloge du cynisme et de Diogène. — Conclusion. 1. «  Il arrive bien des choses dans un long espace de temps3. » Cetadage de la comédie, que je connaissais déjà, 1 Voyez Diogène de Laërte, à l’endroit cité p. - 16 et 18. —Cf. Plutarque, Alexandre, 14.

2 Ce discours faitsuiteau précédent, et il parait avoir été écrit de même j en 362. Julien semble s’adresser à un auditoire, mais rien ne prouve qu’il ait lu ce morceau-dans une séance. 3 Voyez sentences mpnostiques extraites des poètes comiques î