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La preuve de la force de ce trait, c’est qu’il s’est transmis intact dans toutes les langues d’origine romane, à l’imparfait du subjonctif (Ital. cantassi, Esp. cantase, Portug. cantasse, Prov. chantés (seconde pers. chantesse), Valaque cuntasem (pl. q. p. ind.) Franc, chantasse.

Or ce trait, qui, sous l’influence de règles fixes, s’est peu à peu localisé dans l’imparfait du subjonctif de ces différentes langues, a peu à peu envahi, en wallon, le présent du subjonctif et lui a, si je puis m’exprimer ainsi, imprimé la marque caractéristique du mode en cause.

La sifflante a permis d’éviter une confusion, dont la tendance est très marquée en wallon, entre l’indicatif et le subjonctif. En effet, des verbes comme batte (seconde conjugaison) et doirmi (troisième), ainsi que les verbes de la troisième à forme inchoative ih (isc) confondent les deux modes, ce qui n’a pas lieu en français. Nous remarquons en outre qu’au pluriel, l’i caractéristique du subjonctif en ancien et en nouveau français fait complètement défaut en wallon : qui nos chantanse, que nous chant(i)ons ; de là une confusion certaine, inévitable.

Poussant toujours, par analogie, les choses à l’extrême, le wallon a appliqué cette caractéristique à des verbes comme vinde, sinti et beûre, etc., qui eussent pu, sans inconvénient, donner qui ji vinde, qui ji sinte, et qui ji beûve, formes que les deux premiers verbes possèdent aussi d’ailleurs. Mais les formes habituelles de ces verbes sont : qui ji vinse, qui ji sinse et qui ji beûsse.

À côté de la forme en îsse (īs) (2e pers. plur.) des verbes en î (ī (ier) de la première conjugaison du wallon liégeois, se rencontre une forme en ésse (ḗs) fréquente dans d’autres dialectes : qui vos magnésse (que vous mangiez).

Remarquons aussi la forme en èsse (ĕ̀s) de la 3e pers. plur. qui est très caractéristique du temps.

Ce qui me confirme encore dans l’opinion émise ci-dessus, c’est que certains dialectes (Malmedy entre autres) possèdent,