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Verbes anomaux proprement dits.

Fer (faire) est régulier, ji f’rè.

Aller tient son futur de ire : j’irè.

Èsse (être) a comme futur sèrè aux trois personnes (franç. serai, seras, sera ; en vieux bourguignon serai, serais, serait). Cette forme nous reporte à l’infinitif primitif esser (essere). On trouve en vieux français la forme complète esserai.

Aveûr (avoir) fait ârè (aurai, auras, aura ; en vieux bourguignon aurai ou arai, aurais ou arais, aurait ou arait). Cette forme est contractée de a(v)erai (habere-habeo).

Diveûr (devoir) donne deûrè et divrè ou d’vrè, avec prédominance de ces dernières formes non contractées.

Saveûr (savoir) fait sârè (cf. ârè de aveûr).

Rire (rire) fait riy’rè, rarement rèyrè d’après la remarque c des verbes irréguliers du futur (v. p. 192).

Poleûr (pouvoir) fait pôrrè (po(t)ere-habeo) ou même porrè.

Valeûr (valoir) fait vârè (va(l)ere-habeo).

Voleûr (vouloir) fait vôrè et vorè (vo(l)ere-habeo).

Remarquons ici l’absence du d intercalaire français (voudrai, vaudrai).

Un fait curieux à ce propos, c’est que le Wallon ignorant, voulant parler français, dira je poudrè (je pourrai) avec d intercalaire, alors que ce d n’existe plus ni en wallon, ni en français. Toujours cette grande loi d’analogie si forte dans toute langue sans règles fixes.

B. — Conditionnel présent.

Ce temps est de même formation que le futur. Ses formes sont composées de l’infinitif du verbe et de la flexion de l’imparfait de aveûr (avoir) ; la terminaison est reûs, reût (rœ̄́), aux trois personnes du singulier et rîs, rît, () aux trois personnes du pluriel.

Les différentes remarques que nous avons formulées à propos du futur s’appliquant à ce temps, nous n’y reviendrons pas.