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Remarques sur ce tableau.

Nous observons tout d’abord que les trois personnes du singulier sont identiques ; ce fait s’applique aux quatre conjgaisons.

Les trois personnes du pluriel se terminent respectivement en ã, ĕ́[1] et ĕ̀ (ans, ez-oz, èt). La seule exception est la seconde personne des verbes en ī (îz) à la seconde personne du pluriel. Le phénomène yĕ́=ī est général en wallon. (Voir plus haut.)

Dans sa grammaire des langues romanes, Diez fait observer que le wallon n’a pas laissé s’introduire, à la première personne du pluriel l’o, dominant en vieux français et en français moderne (omes, om, ons). Cette observation est trop générale. Le fait est vrai en dialecte liégeois. Mais d’autres dialectes, le nivellois, entre autres, possèdent l’o. Ex. nŏ̀ stõ (stons), etc. Nous le rencontrons encore dans la Pasquêye de Piron et Pentecosse[2] (1617). Ex. Nos prindrons, nos vorons, etc.

Remarquons encore, comme tendance à simplification, que ans existe partout, dans les quatre conjugaisons, malgré l’étymologie latine différente amus, imus, emus.

La troisième personne du pluriel possède une terminaison ouverte, à l’encontre de ce qui existe en français. Ex. ĭ tꞓãtĕ̀ (is chantès), ils chantent.

Le fait se retrouve en Provençal qui a ã (an) et õ (on).

À l’ouest wallon (Namur), le phénomène s’accentue encore. La troisième personne du pluriel se termine en . Ex. : ĭ tꞓãtnŭ, ĭ măn̮nŭ, etc.

Dans l’ancien français aussi, d’ailleurs, la terminaison ent, sourde dans le français moderne, s’est prononcée, car elle a formé, pendant un certains temps, une rime masculine en poésie.

  1. ŏ̀ à Malmedy et en Ardenne, tꞓãtŏ̀ (oie franç.)
  2. Bull. Soc. wall.