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nécessairement travailler sur la langue parlée. Nous ne tablons sur la langue écrite que lorsque la langue parlée nous fait défaut, par exemple lors des citations de vieilles formes recueillies dans les anciens textes (chartres, etc ). Et encore, le grand soin de la science philologique moderne est-il d’attribuer à ces graphies anciennes la valeur phonétique qu’elle les suppose avoir possédée et qui, dans bien des cas, est très difficile à déterminer.

Or, en langage parlé, ni l’e muet, ni les consonnes finales (s, t) ne se prononcent ; aussi la graphie phonétique omet-elle ces lettres.

Pour nous résumer, nous admettrons donc que le fait de la plus grande simplification de la conjugaison wallonne consiste presqu’exclusivement dans l’immense résorption du parfait de l’indicatif.

Cette résorption a eu pour contre-coup : 1o la disparition des verbes dits forts, et 2o l’unification des trois conjugaisons.

Quant à la disparition des terminaisons personnelles, elle est beaucoup moins forte que Stürzinger veut bien l’admettre ; nous croyons même qu’elle n’existe pas.

En effet, nous devons écarter de notre statistique : 1o le parfait, puisque c’est sur lui que se base notre mode de simplification ; car, la résorption du parfait étant admise, comme mode de simplification, la disparition de ses désinences personnelles ne peut plus entrer en ligne de compte ;

2o l’imparfait du subjonctif, dont la simplification a suivi celle du parfait.

En écartant ces deux temps, et en faisant le compte des autres temps à flexion, nous avons 19 désinences personnelles wallonnes et 16 françaises seulement. D’où l’on voit que les désinences sont restées plus nombreuses en wallon, et que, par conséquent, il n’y a pas à proprement parler, quant à elles, de tendance à simplification plus accusée en wallon qu’en français.