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les trois personnes du pluriel ont déjà disparu. Elles se confondent avec les mêmes formes de l’imparfait de l’indicatif.

En outre (et cette tendance se retrouve en français également), le passé défini trouve un emploi plus fréquent dans la bouche des Wallons, que le parfait de l’indicatif. C’est ainsi que j’a stu s’emploiera mieux que ji fouri ou j’èsta ; j’a magnî que ji magna ; j’a rèscontré que ji rèscontra, etc., etc. (En français : j’ai été, au lieu de je fus ; j’ai mangé au lieu de je mangeai ; j’ai rencontré, au lieu de je rencontrai, etc.)

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit surtout ici de la langue parlée ; avec un peu d’attention, le fait s’observe facilement.

On peut aussi ramener à cette disparition du parfait l’absence des verbes forts en wallon, absence que Stürzinger[1] signale comme un mode de simplification (voir plus haut).

En effet, il ne faut pas oublier que le parfait est, pour ainsi dire, le seul temps qui permette de différencier les verbes forts des verbes faibles (voir plus loin, chap. II).

Quant à la disparition des terminaisons personnelles, ce tableau en montre également la tendance. Ex. au pluriel de l’imparfait, les 3 pers. sing, et les 3 pers. plur. du subj. imp., le plur. du conditionnel, le sing. du futur, etc.

Par contre, cette disparition est contrebalancée par la présence de terminaisons spéciales là où le français a uniformisé.

Ex. plur. de l’indic. présent, plur. du futur, plur. du subj. présent.

Ici pourra s’élever une objection : Que fait-on dans ce système des e muets et des consonnes terminales (s, t) de la flexion française ?

La réponse à cette objection expliquera en même temps pourquoi l’orthographe phonétique nous était indispensable.

C’est que, nous occupant scientifiquement d’un dialecte sans règles fixes et sans orthographe établie, nous devons

  1. Loc. cit.