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CHAPITRE PREMIER.

Modes de simplification de la conjugaison wallonne.


On sait que le français est la langue romane qui a le moins étymologiquement emprunté de ses formes à la conjugaison latine. Les temps latins disparus sont : le plus que parfait de l’indicatif, les deux futurs, l’imparfait et le parfait du subjonctif, le passé de l’infinitif, le futur du participe (le supin)[1]. Soit huit temps sur les dix-sept du latin.

Le wallon est exactement dans le même cas.

En français, la simplification de la conjugaison porte sur trois groupes de phénomènes bien tranchés :

1o Les terminaisons personnelles sont uniformisées, du moins quant à la prononciation ; je chante, tu chantes, il chante, que je chante, etc. ; je chantais, tu chantais, il chantait, se prononcent respectivement de la même façon.

2o Les trois conjugaisons tendent à se réduire à une seule. Ex. : je chant-ais, je vend-ais, je finiss-ais, nous chant-ons, nous vend-ons, nous finiss-ons, etc.

3o La flexion forte se restreint au fur et à mesure du développement de la langue. Diez[2] signale, en effet, quatre-vingt verbes forts environ en ancien français, tandis qu’il n’en donne que quarante pour le français moderne.

J. Stürzinger[3] a rappelé ces trois modes de simplification dans ses remarques sur la conjugaison du dialecte wallon.

  1. V. Scheller, etc. Mémoire sur la conjugaison française, p. 13.
  2. Grammaire de la langue romane.
  3. Loc. cit.