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soûr, etc.). Il en est d’ailleurs de même dans la prononciation française de premier et de soûl. L’ancien français avait mou, et mol, comme fou et fol. Le wallon a devant les consonnes et mol devant les voyelles. Ex. : on mol âbe, un arbre mou. On voit en wallon comme en français réapparaître la lettre étymologique de prumî et de seû devant un substantif masculin commençant par une voyelle. Ex. : mi prumîr èfant, mi seûl amour. Dans les quatre adjectifs cités, on voit réapparaître cette consonne au féminin : prumîre, seûle, sôle et molle.

VI. — Cas particuliers.

a) Adjectifs terminés oralement par une voyelle nasale.

Cette voyelle est conservée intacte au féminin des adjectifs suivants :

Èmètrain, Moyen. Èmètraîne.
Hâtain, Hautain. Hâtaîne.
Subitain, Emporté. Subitaîne.
Longeain, Lent. Longeaîne.

Par analogie, contint, content, fait contîne et ènnocint, innocent fait ènnocîne.

L’adjectif saint, saint, fait sainte au féminin, comme en français. D’un autre côté, l’adjectif plein, plein (plenus), fait pleinte au féminin, par analogie.

Remarque. — Les auteurs wallons ont une tendance à introduire, en croyant les walloniser, un certain nombre de mots français (forteune, nateûre, etc.), qui seraient plus facilement usités sous leur forme française (fortune, nature). Ex. : Il a ’ne belle fortune. Cette tendance fait accepter à certains d’entre eux les adjectifs terminés en français en ent qu’ils traduisent par des adjectifs en int, fém. inte. Ex. Intelligint.

Cette tendance n’est pas à encourager.