Page:Julien Delaite - Essai de grammaire wallonne - Le verbe wallon, 1892 (partie 1) et 1895 (partie 2).djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

3o Prononciation. L’argument tiré de la prononciation actuelle semble plus sérieux. En effet, dans aucun cas, dit Bailleux, l’s du pluriel n’apparaît dans la conversation.

Dans aucun cas, sauf un : c’est quand l’adjectif qualificatif précède immédiatement un substantif commençant par une voyelle.

Ex. : Des bais èfants. De beaux enfants.

L’s du pluriel existe donc en wallon. Dans le cas cité, l’s n’est pas une lettre euphonique, puisque l’hiatus est permis au singulier.

Ex. : On bai èfant. Un bel enfant.

Si l’s du pluriel ne se prononce pas, ce n’est pas à dire qu’il n’existe pas, mais c’est qu’il obéit à une règle très générale à savoir : les consonnes finales sont presque toujours muettes en wallon, sauf les liquides l et r. Nous écrivons timps, rind, gonfler, trovez, sont, peus, et cependant ni ps, ni d, ni r, ni z, ni t, ni s ne se prononcent.

Il est inutile de supprimer une lettre de l’importance de l’s du

pluriel, quand on n’a pas de bonnes raisons pour cela.
changement de nombre.

Certains substantifs ne s’emploient qu’au singulier en français et au pluriel en wallon.

Ex. : Fer les carnavals. Faire le carnaval. Dire les absoutes. Dire l’absoute. Avu les gottes. Avoir la goutte. Avu les rhômatisses. Être atteint de rhumatisme. Avu les fives, etc. Avoir la fièvre.

D’autres substantifs ne s emploient qu’au singulier en wallon, tandis qu’ils sont du pluriel en français.

Ex. : Ine cisette. Des ciseaux[1]. L’èknèye. Les pincettes. (Radicaux différents, litt. les tenailles). Dinner on gage à ’ne sièrvante. Donner des gages à une servante. Li commodité. Les commodités.

  1. Le français emploie parfois dans ce sens la forme du singulier, le ciseau.