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de prouver notre innocence, nous restâmes dans les cachots pendant trois années entières. Heureusement, le Ciel voulut que ce magistrat cruel fût remplacé par le seigneur Teng.

« Quoiqu’il eût obtenu ses degrés dans un concours de province, c’était un homme de l’esprit le mieux cultivé et de la plus rare pénétration. Un jour, il vint nous visiter dans la prison, afin d’examiner mûrement le crime qui nous était imputé. Il nous écouta avec une extrême bienveillance, et, touché de nos larmes et de la vérité dont notre récit était empreint, il commença à douter de notre culpabilité.

« Je suis convaincu, s’écria-t-il, qu’une altercation survenue à table, entre camarades, ne peut exciter une haine assez