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qu’il voulait le dévorer. Il alla au-devant du singe et lui dit : « Mon jeune ami, vous m’aviez promis dix peaux de tigre, aujourd’hui vous ne m’en apportez qu’une ; vous m’en devez encore neuf. »

À ces mots, le tigre fut effrayé et dit : « Je n’aurais jamais cru que ce petit singe fût aussi méchant. Il paraît qu’il veut me sacrifier pour payer ses anciennes dettes[1]. »

  1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible. En chinois, le mot tchang, numérale des peaux, s’écrit et se prononce de même que tchang, compte, calcul, dans la locution Ti-tchang, régler ses comptes, payer ses dettes.
      Le vieux tigre qui avait l’oreille dure et la vue basse, n’a probablement entendu que les derniers mots du cerf, et il a dû détaler au plus vite pour ne pas être dévoré, à son tour, par le grand animal dont il se promettait de faire sa proie.