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indien, sont une preuve de plus de sa sincérité et de sa bonne foi.

D’un autre côté, et sans parier de la route qu’il a suivie, dont les détails topographiques annoncent constamment, comme on vient de le voir, un voyageur aussi exact qu’intrépide, les détails qu’il donne[1] sur la position des pays, sur leur étendue, sur la population, le commerce, l’industrie, l’agriculture, les mœurs, les religions, etc. (détails dont les livres chinois antérieurs n’offrent aucune trace), n’ont pu être recueillis que sur les lieux, par un observateur véridique ; et, à moins de vouloir nier la clarté du jour, on ne saurait, sans se faire taxer d’ignorance ou de mauvaise foi, les attribuer à un romancier ou à un faussaire ! Il se peut que les auteurs, dont l’admiration et l’enthousiasme percent à chaque page, aient ajouté certains traits pour donner plus de relief au héros de leur livre, étendu et embelli quelques épisodes, et (ce qui n’est pas sans exemple dans nos classiques les plus autorisés) prêté dans quelques passages, au Maître de la loi, leurs raisonnements habiles et leurs paroles élégantes ; mais ces artifices de langage ne détruisent pas plus que ne l’ont fait les harangues éloquentes attribuées par Thucydide, Tite-Live et Tacite, aux grands capitaines

  1. Voir les Documents géographiques, p. 353, 461.