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endroit où il l’avait traversé seize ans auparavant à son entrée dans l’Inde. C’était, nous l’avons vu, près de la ville d’Ouṭakhâṇḍa, dont la moderne Attok a sûrement conservé l’emplacement, ainsi que le nom. Hiouen-thsang remonte, à petites journées, la pittoresque vallée où se précipite la rivière de Kaboul ; il revoit le royaume de Lampâ (Lan-po), traverse, plus au sud, plusieurs petits états, sur lesquels les sources sanskrites ne nous fournissent pas de lumières, et revenant de nouveau dans la direction du nord, il gagne, par Kapiça, une passe des montagnes neigeuses du Hindou-kouch. La peinture que le voyageur fait de cette passe difficile est frappante d’énergie et de vérité. « Après sept jours de marche, ils arrivèrent au haut d’une grande montagne qui offrait un amas de sommets dangereux et de pics effrayants, s’élevant pêle-mêle sous les formes les plus étranges et les plus variées. Tantôt on apercevait un plateau, tantôt une flèche élancée ; la scène changeait à chaque pas. Il serait difficile de raconter les périls et les fatigues auxquels ils furent en butte en gravissant ces hauteurs. On découvrait de tous côtés d’immenses glaciers, où l’on aurait péri cent fois si l’on n’avait été guidé par des indigènes, des nuages suspendus bien au-dessous des crêtes dont ils dérobaient la vue, des