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dessus d’Ou-to-kia-han-tch’a (Ouṭakhâṇḍa) vers le nord-ouest, il est fait mention d’une ville de Po-Io-tou-lo, d’où était originaire le grammairien Pâṇini. On voit, en effet, dans l’ouvrage de ce célèbre auteur, que sa famille habitait Çâlâtoura, près d’Ouṭakhâṇḍa. Or, comme il arrive souvent aux éditeurs chinois de confondre le signe phonétique so avec po [1], il est évident que Hiouen-thsang a voulu écrire So-lo-tou-lo (Sâlâtoura) ; seulement, trompé par la prononciation, il aura cru que la consonne initiale était une lettre sifflante (), au lieu d’une lettre cérébrale ().

Ici commence une nouvelle division de l’itinéraire du voyageur. Entre le Sindh d’Attok et la partie du Djéloum qui regarde les montagnes accidentelles du Kachemire, se trouve une contrée à laquelle se rattachent les plus anciennes traditions religieuses et les plus vieilles légendes du brahmanisme, et que plus tard le bouddhisme couvrit de ses monuments. Cette contrée est le pays d’Oudyâna, qu’une mauvaise interprétation des textes a fait longtemps reporter à l’ouest du Sindh. Dans Hiouen-thsang, le nom sanskrit d’Oudyâna (parc) se lit Ou-tchang-na ; mais en traduisant ce mot par youen (parc),

  1. Voici un exemple de cette confusion. Dans le dictionnaire Fan-i-ming-i-tsi, liv. VIII, fol. 8, on trouve Sa-che-lo-po 薩闍羅婆 pour Sa-che-lo-so 薩闍羅娑 Sardjarasa, « sorte de résine. »