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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

et lutte la lance à la main. Dans un combat, lorsque l’année opposée a été mise en déroute, ils ne tuent point les vaincus. Si un général a été battu, on ne lui inflige point de peine corporelle ; on lui donne des vêtements de femme, et souvent le désespoir le pousse à se tuer lui-même.

« Dans ce royaume, on entretient un corps de braves champions, au nombre de plusieurs centaines. Chaque fois qu’ils se préparent à livrer bataille, ils boivent du vin et s’enivrent ; alors un seul de ces hommes, la lance au poing, défierait mille soldats. S’il tue un homme qui se trouve à sa rencontre, la loi ne le poursuit point. Chaque fois qu’ils vont en campagne, ils battent le tambour et marchent à l’avant-garde. Ils enivrent des éléphants d’un naturel sauvage, au nombre de plusieurs centaines. Avant de livrer bataille, ils boivent aussi des liqueurs fortes, puis s’élancent en masse avec une impétuosité aveugle, sans que l’ennemi puisse arrêter leur élan furieux. Le roi, fier de posséder de tels hommes, méprise et attaque impunément les royaumes voisins. Il est de la race des Kchattriyas ; on l’appelle Pou-lo-ki-che (Pourakéça ?). Il a des vues larges et profondes, et il étend au loin son humanité et ses bienfaits. Ses sujets le servent avec un dévouement absolu. Aujourd’hui le roi Kiaï-ji (Çilâditya) porte de l’est à l’ouest ses armes victorieuses, et fait obéir en tremblant les peuples voisins et éloignés ; mais les hommes de ce royaume sont les seuls qui n’aient point plié sous ses lois. Quoiqu’il se soit mis à la tête de toutes les troupes des cinq Indes, et ait appelé sous ses drapeaux les plus braves généraux de tous les états, qu’il mène lui-même au combat, il n’a pas encore réussi à triompher de leur résistance. On peut juger par là de leur caractère inflexible et de leur indomptable valeur. Les habitants de ce pays sont passionnés pour