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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

vit dans l’aisance et le contentement, et chacun se plait dans sa condition. Dans ce royaume, on estime beaucoup la musique et l’on aime à danser en chantant. Il y a peu de personnes qui portent des vêtements de laine ou de peaux ; le plus grand nombre se vêtit de soie et de coton. Leurs manières et leur extérieur annoncent la décence et l’urbanité. Ils possèdent des mémoires historiques ; leur écriture est presque calquée sur celle de l’Inde et n’offre que des changements fort légers ; mais la différence de la langue parlée distingue ce royaume des autres. La loi du Bouddha est en grand honneur dans ce pays. On y compte une centaine de Kia-lan (Samghârâmas) où habitent environ cinq mille religieux qui tous suivent avec zèle la doctrine du grand Véhicule.

Le roi est très-belliqueux et témoigne un profond respect pour la loi du Bouddha. Il se vante de descendre du dieu Pi-cha-men (Vâiçravaṇa — le dieu des richesses). Jadis, lorsque ce royaume n offrait qu’une vaste solitude, le dieu Pi-cha-men (Vâiçravaṇa) vint y fixer son séjour. À cette époque, le fils aîné du roi Wou-yeou (Açôka) se trouvait à Torlchorédh (Takchaçild) et venait d avoir les yeux arrachés. Le roi fVou-yeou (Açoka), enflammé de colère, y envoya un de ses ministres, qui transporta les grandes familles au nord des montagnes neigeuses et les fixa d*abord dans une vallée déserte. Ces hommes exilés, cherchant un meilleur asile, ar rivèrent aux frontières occidentales de Khotan. Là ils choisirent parmi eux un chef et lui donnèrent le titre de roi. À cette époque, le fils de l’empereur de l’Est (de la Chine ?), ayant été banni, habitait les frontières de ce même pays. Encouragé et désigné par le peuple, il se donna lui-même le titre de roi. Un temps considérable s’était déjà écoulé sans