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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

liv. XII, foi. 5 : « C’est un ancien pays du royaume de Tou-ho-lo (Toukhâra). Il a trois mille li de tour, et est entrecoupé par des montagnes et des vallées. Le sol est gras et fertile ; il est favorable à la culture des grains, et produit une grande quantité de blé tardif. Toutes les plantes y réussissent, et les différentes sortes de fruits viennent en abondance. Le climat est froid ; les habitants sont d’un caractère violent et emporté ; ils ne savent pas distinguer le bien du mal ; leur figure est laide et commune. Leurs manières, leurs usages, leurs vêtements de laine et de peaux, leu)r donnent une grande ressemblance avec les Tou-kioue (Turcs). Les femmes portent un bonnet surmonté d une corne en bois haute d’environ trois pieds ; devant, il a deux branches qui indiquent le père et la mère du mari : la branche d*en haut se rapporte au père, celle d’en bas à la mère. À mesure que l’un ou l’autre vient à mourir, elle enlève la branche respective ; quand son beau-père et sa belle-mère sont morts, elle renonce tout à fait au bonnet à cornes.

« Le premier roi de ce royaume, appelé Kiang-koue-wang (c’est-à-dire roi du royaume puissant), était de la race de Chi (Çâkya) ; beaucoup de peuples à l’ouest des monts Tsong-ling avaient été soumis par ses aimes. Comme ce pays était voisin des Tou-kioue (Turcs), il adopta bientôt leurs mœurs, et fut exposé à leurs attaques et à leurs brigandages. Il tâcha de défendre ses frontières ; c’est pourquoi les habitants de ce royaume se sont dispersés dans les pays étrangers.

« Il y a plusieurs dizaines de villes fortifiées, dont chacune a un chef particulier. Le peuple habite des tentes de feutre et mène une vie nomade.

« Du côté de l’ouest, ce pays touche au royaume de Ki-li-se-mo (Kharisme). »