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LIVRE DIXIÈME.

le lotus qui s’élève au milieu des eaux. Observateur sévère de la discipline, il était toujours le même. Rien n’égalait sa bonté affectueuse et sa tendre pitié, la ferveur de son zèle et son attachement inviolable aux pratiques de la Loi. Il était réservé dans son amitié et ne se liait pas à la légère, et, une fois entré dans le couvent, il n’y avait qu’un décret impérial qui pût le faire sortir de sa pieuse retraite.

Le troisième jour de la deuxième lune (de la période Lin-te — 664), le Maître de la loi avait envoyé Hiu-hiouen-pi auprès de l’empereur pour l’informer de la blessure qu’il avait reçue et de la maladie qui en était résultée.

Le septième jour du même mois, l’empereur ordonna par un décret, à un médecin du palais, de prendre des médicaments et d’aller lui donner ses soins ; mais, au moment où il arriva, le Maître de la loi était déjà mort. Teou-sse-lun, gouverneur de Fang-tcheou, annonça par un rapport ce lugubre événement.

À cette nouvelle, l’empereur versa des larmes et poussa des cris déchirants, en disant qu’il venait de perdre le trésor de l’empire. Il suspendit, pendant plusieurs jours, les audiences solennelles. En ce moment, tous les fonctionnaires civils et militaires s’abandonnèrent aux gémissements et aux pleurs ; l’empereur lui-même ne put retenir ses sanglots et modérer sa douleur. Le lendemain, il parla ainsi à ses grands officiers : « Quel malheur pour mon empire que la perte de Thang, le Maître de la loi ! On peut