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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

fourni des aliments et témoigné de la compassion à plus de vingt mille personnes parmi les fidèles et les hérétiques ; il avait allumé cent mille lampes et racheté plusieurs ouan (dizaines de mille) de créatures.

Lorsque Kia-chang eut fini d'écrire cette liste de bonnes œuvres, il lui ordonna de la lire à haute voix. Après l'avoir entendue, les religieux croisèrent les mains et le comblèrent de félicitations. Puis il leur dit : « Le moment de ma mort approche ; déjà mon esprit s'affaisse et semble me quitter. Il faut promptement distribuer en aumônes mes vêtements et mes richesses, faire fabriquer des statues et charger des religieux de réciter des prières. »

Le vingt-troisième jour, on donna un repas aux pauvres et l'on distribua des aumônes. Le même jour, il ordonna à un mouleur nommé Song-kia-tchi, d'élever, dans le palais Kia-cheoa-tien, une statue de l'Intelligence (Bôdhi) ; après quoi, il invita la multitude du couvent, les traducteurs adjoints et ses disciples, « à dire joyeusement adieu à ce corps impur et méprisable de Hiouen-thsang qui, ayant fini son rôle, ne méritait plus de subsister longtemps. Je désire, ajouta-t-il, voir reverser sur les autres hommes les mérites que j'ai acquis par mes bonnes œuvres ; naître, avec eux, dans le ciel des Touchitas ; être admis dans la famille de Mi-le (Mâitreya) et servir ce Bouddha plein de tendresse et d'affection. Quand je redescendrai sur la terre pour parcourir d'autres existences, je désire, à chaque naissance nouvelle, remplir avec un zèle sans bornes mes devoirs