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LIVRE DIXIÈME.

pourquoi laisser échapper tout à coup ces tristes paroles ? »

— « Je le sais par moi-même, leur répondit le Maître de la loi ; comment pourriez-vous comprendre mes pressentiments ? »

Le premier jour de la première lune du printemps de la première année Lin-te (664) » les interprètes adjoints et tous les religieux du couvent vinrent le prier, avec les plus vives instances, de traduire le recueil To-p’aotsi-king (Ratnakoûta soûtra).

Le Maître de la loi, cédant à l’ardeur de leur vœu, fit un effort sur lui-même et traduisit quelques lignes ; puis, fermant le texte indien, il s’arrêta et leur parla ainsi : « Ce recueil est aussi grand que celui de la Pradjñâ, mais je sens que les forces me manquent pour achever une telle entreprise. Mes derniers moments sont arrivés, et ma vie ne doit plus avoir qu’une courte durée. Je désire aujourd’hui aller dans la vallée de Lan-tchi, pour offrir mes derniers hommages aux statues des innombrables Bouddhas. »

Il sortit alors avec ses disciples ; les religieux, en le voyant, ne cessaient de verser des larmes.

Après cette pieuse excursion, il s’en revint dans le couvent. Dès ce moment, il cessa de traduire, et ne s’occupa plus que de ses devoirs religieux.

Le huitième jour, un religieux de ses disciples, nommé Hiouen-khio, originaire de Kao-tch’ang, raconta au Maître de la loi un songe qu’il avait eu. Il avait vu un Feou-thou (un Stoûpa) d’un aspect imposant et d’une