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LIVRE NEUVIÈME.

demanda à sa sœur où étaient les tombeaux de son père et de sa mère. Il y alla lui-même avec elle, et arracha de ses propres mains les herbes incultes qui les couvraient depuis longues années. Ensuite il choisit un lieu heureusement situé et prépara un cercueil double pour les inhumer ailleurs ; mais quoique sa résolution fut bien arrêtée, il n’osa l’exécuter de son propre mouvement. Il adresse à l’empereur un placet où il rappelle que, « par suite des troubles des dernières années des Souï, ses parents ont été ensevelis, il y a plus de quarante ans, avec une grande précipitation que les circonstances seules pouvaient excuser. Maintenant les tombes de ses parents se trouvent ruinées par le temps et bientôt il n en restera plus de traces. En songeant à leurs bontés passées, il se sent agité d’inquiétude et de regrets. Aujourd’hui, il désire, avec sa sœur déjà chargée d’années, recueillir leurs restes précieux et les retirer d’un lieu étroit et ignoble pour les transporter dans la plaine occidentale. N’ayant plus que sa sœur pour l’aider dans l’accomplissement de ce devoir sacré, il prie l’empereur de daigner prolonger de quelques jours le congé qu’il lui avait ac- cordé, afin de s’acquitter, avec la maturité convenable, de tous les soins que prescrit la piété filiale. »

L’empereur accède à ce vœu, et ordonne par un décret que tous les frais des obsèques soient supportés par le trésor public. Le cortège funèbre, qu’entourait une pompe imposante, était formé par les plus hauts personnages de l’empire, et il était suivi de plus de dix mille religieux et laïques de la ville de Lo-yang.