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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

difficulté, il quittait son pinceau et déposait le livre ; puis, après avoir adoré le Bouddha et accompli ses devoirs religieux jusqu’à la troisième veille, il se livrait quelque temps au repos, et, à la cinquième veille, il se relevait, lisait à haute voix le texte indien, et notait successivement, à l’encre rouge, les morceaux qu’il devait traduire au lever du soleil.

Chaque jour, au crépuscule du matin, après avoir pris un repas maigre, il expliquait pendant deux heures (quatre de nos heures) un nouveau livre sacré (Soûtra) ou un traité (Çâstra). Les religieux, qui étaient accourus des diverses provinces pour écouter ses leçons, venaient constamment le prier de leur expliquer le sens d*un passage et de dissiper leurs doutes. De plus, sachant qu il était chargé de la direction du couvent, ils venaient maintes fois l’interroger sur leurs devoirs particuliers.

Les disciples de l’intérieur du couvent, au nombre de plus de cent, qui venaient lui demander ses instructions, remplissaient les galeries et les salles voisines de sa chambre. Il répondait à tous avec clarté, sans jamais rien omettre. Malgré la multitude de ses occupations, son âme conservait constamment la même énergie, et rien ne pouvait le troubler ni l’arrêter. Ce n’est pas tout : il discourait encore avec les religieux sur les sages et les saints des royaumes de l’Ouest, sur les systèmes divers de toutes les écoles, et sur les voyages lointains de sa jeunesse et les conférences publiques auxquelles il avait pris part. Il discutait à haute voix et parlait avec chaleur, sans jamais laisser paraître de