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LIVRE SIXIÈME.

qui a pour but de châtier quelques rebelles de l’est de la Chine.

Hiouen-thsang ne doute point que l’empereur n’obtienne un triomphe éclatant, comparable aux victoires célèbres remportées à Mou-ye et à Kouen-yang ; mais il est convaincu qu’il ne pourrait contribuer en rien au succès de ses armes, et qu’il serait même pour lui une cause de dépenses et d’embarras. Il ajoute que ses principes, basés sur la bienveillance et l’affection pour les hommes, ne lui permettent point d’assister à des combats et à des scènes de carnage.

Hiouen-thsang, voyant que l’empereur cessait de le presser, lui rappelle qu’on n’a pas encore traduit un mot des six cents ouvrages en langue de Fan (de Fan-lan-mo — Brahmâ) qu’il avait rapportés des contrées occidentales. Il sait que tout près, au sud du mont Song-chan et au nord du mont Chao-chi-chan, s’élève le Couvent du petit bois (Chao-lin-sse), éloigné du bruit des marchés et des villages, où l’on trouve des grottes silencieuses et des fontaines limpides. Ce couvent fut bâti par l’empereur Hiao-wen-ti, de la dynastie des seconds Weï (471-477 après J. C). Ce fut dans cette retraite que le religieux indien Pou-ti-lieou-tchi (Bôdhiroutchi) se livra à la traduction des livres sacrés.

Hiouen-thsang prie l’empereur de l’autoriser, par un décret, à se rendre dans ce couvent, pour s’y livrer à la traduction des livres saints ; mais le prince lui propose de s’établir plutôt dans le Couvent du grand bonheur {Hong-fo-sse), qu’il a fait construire dans la